Le ministère zambien de la technologie et des sciences a récemment annoncé, via Facebook, que la Banque mondiale s’engageait à verser 100 millions d’USD pour financer le projet d’accélération de la Zambie numérique (Digital Zambia Acceleration Project – DZAP).
Le projet vise à améliorer l’accès à l’internet et aux services numériques dans le pays, notamment en développant l’infrastructure à large bande et du dernier kilomètre.
Dans l’attente de l’approbation du Conseil de la Banque mondiale, ce financement intervient à un moment crucial du développement de l’internet en Zambie et permettra à ce pays de développer certains éléments fondamentaux déjà mis en place.
Les multiples défis qui influencent l’utilisation de l’internet
Selon le rapport national Pulse, moins d’une personne sur quatre en Zambie utilise actuellement l’internet, ce qui est bien inférieur à la moyenne du continent (39 %).
Si l’on examine le profil de l’indice de résilience Internet Pulse pour la Zambie (figure 1), on peut identifier plusieurs facteurs contribuant à ce faible taux d’utilisation, notamment
- Mauvaises performances Internet – Les vitesses moyennes de téléchargement du haut débit fixe (19,31 Mbps) et du haut débit mobile (22,27 Mbps) de la Zambie se classent respectivement aux 114e et 136e rangs(OOKLA).
- Manque d’infrastructure en fibre optique et de couverture du réseau.
- Abordabilité – Le haut débit fixe (plan de 5 Go) et mobile (plan de 2 Go) coûte respectivement 13,45 USD et 2,15 USD(UIT), un coût considérable alors que près de 60 % de la population vit dans la pauvreté.
Les signes de résilience de l’internet se multiplient
Malgré ces défis, plusieurs indicateurs et tendances clés suggèrent que la résilience et l’utilisation globales de la Zambie s’améliorent et continueront à s’améliorer, espérons-le, plus rapidement, si le DZAP les exploite et les développe. Les plus notables sont les infrastructures habilitantes, notamment les centres de données et les points d’échange Internet, qui sont essentiels pour l’hébergement et l’acheminement du trafic local.
Un IXP est un lieu physique, parfois à l’intérieur d’un centre de données, où différents réseaux s’envoient du trafic. C’est ce qu’on appelle le peering, qui permet à un opérateur de réseau d’envoyer des données de son réseau à un autre sans avoir à payer. Le peering est l’un des éléments qui rendent les services internet plus rapides, plus fiables et moins chers.
La Zambie dispose d’un IXP(LuIX) auquel 10* des 24 réseaux enregistrés en Zambie se connectent (peer) (Figure 2). Son membre le plus important, Zamtel (AS37154), est le troisième FAI de Zambie après Zain Zambia (AS37287) et MTN Zambia (AS36962), qui fournissent respectivement 55,7 et 28,1 % de la connectivité directe aux utilisateurs de l’internet en Zambie, selon le rapport de l’IIJ sur la santé de l’internet.
(* Selon le site web de LuIX, il compte actuellement 14 membres. Les données de l’IXP Pulse proviennent de PeeringDB)
En outre, plus de 60 % des 1 000 sites/services web les plus populaires en Zambie sont hébergés dans le pays ou dans la région (figure 3).
Figure 3 – 61 % des 1 000 sites web les plus populaires de Zambie sont hébergés dans la région, principalement sur des serveurs Cloudflare. 149 sites sont hébergés en Zambie. Source : Rapport national Pulse.
L’hébergement local du contenu réduit le temps nécessaire aux utilisateurs pour accéder à leur contenu favori, améliorant ainsi les performances globales. Il est également particulièrement utile en cas de pannes d’Internet, comme celles qui ont touché les côtes ouest et est de l’ Afrique au début de l’année, et qui réduisent l’accès aux contenus hébergés en dehors de la région.
L’augmentation du peering réduira encore cette latence et atténuera l’effet des pannes majeures des fournisseurs d’accès Internet locaux sur les services gouvernementaux et d’urgence, les services bancaires et d’autres services (voir les études de cas récentes pour l’Australie, le Canada et l’Italie).
Lire : Une vision 50/50 pour que le trafic Internet reste local, efficace et rentable
Les pannes d’électricité
Un indicateur de résilience Internet de plus en plus important que Pulse ne prend pas encore en compte est la résilience énergétique. Les pannes d’électricité contribuent à un nombre croissant de coupures d’Internet, y compris des pannes majeures au Kenya et en Tanzanie cette année (voir le rapport de Cloudflare pour le premier et le deuxième trimestre 2024).
Lire : Résilience de l’électricité et de l’internet
Selon certains rapports, les opérateurs de téléphonie mobile de Zambie ont du mal à faire face aux coupures de courant qui durent jusqu’à 14 heures par jour. Les pannes d’électricité entraînent des coûts supplémentaires pour les services Internet, notamment en ce qui concerne le carburant pour les générateurs de secours des sites cellulaires et les cycles de maintenance plus fréquents.
Il s’agit d’un autre domaine important dans lequel un financement supplémentaire contribuera à atténuer le risque de ces défis.
Le conseil d’administration de la Banque mondiale se réunira pour approuver le projet en mars 2025.
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