Les coupures d’Internet se multiplient. En 2023, 18 pays, dont huit en Afrique, ont connu 124 événements de fermeture, selon Pulse. Bien que le Zimbabwe ne fasse pas partie de ces pays, il a connu plusieurs épisodes d’arrêt confirmés ou présumés (figure 1).
Ces événements se sont produits lors de troubles politiques ou de manifestations, restreignant l’accès aux plateformes d’information et de communication et empêchant la diffusion de nouvelles et d’observations en temps quasi réel.
Cette situation est particulièrement préjudiciable à la capacité des praticiens des droits de l’homme et des organisations de surveillance des droits de l’homme à documenter les violations des droits de l’homme pendant ces périodes. En l’absence d’une réaction systématique et bien orchestrée et de moyens de contourner ou d’atténuer les effets, les fermetures imposées par le gouvernement continueront d’entraver les efforts de surveillance des HRP et des HRMO.
En m’appuyant sur les efforts de plaidoyer précédents, j’ai récemment interrogé 83 défenseurs des droits de l’homme zimbabwéens pour comprendre leurs défis et leurs préoccupations concernant les coupures d’Internet, afin de mieux les soutenir et les préparer à documenter et à surveiller les violations des droits de l’homme pendant ces coupures.
Bien que l’évaluation se soit concentrée sur le Zimbabwe, certaines conclusions et recommandations sont utiles pour d’autres pays africains.
Peu de soutien et d’investissements pour se préparer aux arrêts de production
Toutes les personnes interrogées ont unanimement reconnu que les fermetures d’Internet entravaient le fonctionnement de leur organisation. Ils ont tous connu des restrictions à plusieurs reprises dans le passé, ce qui a entravé la libre circulation des informations entre les observateurs et les HRMO et vice-versa.
Les résultats ci-dessous révèlent l’anxiété que suscitent les futures fermetures de l’internet et le peu de soutien et d’investissement pour préparer les membres de la communauté à contourner les perturbations de l’internet imposées par le gouvernement.
- 50,6 % n’investissent pas dans la prévision des coupures d’Internet et n’ont pas d’expérience dans ce domaine.
- 64% ne connaissent pas les organisations qui fournissent une assistance technique pour contourner les coupures d’Internet.
- 65,1 % des personnes interrogées pensent que le Zimbabwe connaîtra probablement une fermeture en 2024.
- 65,1% affirment travailler pour des organisations qui ne disposent pas de stratégies de communication pour surmonter les difficultés liées à la fermeture d’Internet. 34,9 % ont indiqué qu’ils disposaient de politiques ou de manuels de communication, mais qu’en dépit de ces manuels, ils avaient du mal à recevoir les rapports de leurs observateurs communautaires, en particulier ceux qui se trouvaient dans des zones marginalisées.
- 91,6 % des personnes interrogées pensent que les organisations de surveillance des droits de l’homme (HRMO) doivent renforcer leurs stratégies de contournement.
- 92,6 % pensent que les PRH devraient développer des boîtes à outils pour contourner les fermetures d’Internet.
Grâce à la diversité des points de vue recueillis, le rapport final devrait être considéré comme un tremplin pour les HRP, les HRMO et d’autres groupes de la société civile afin de renforcer et de conserver des modèles nuancés qui leur permettront de documenter les violations des droits de l’homme pendant les fermetures de l’internet.
Ces modèles devraient prendre en compte les recommandations suivantes pour se préparer aux coupures d’Internet avant qu’elles ne se produisent.
- Lancer des campagnes invitant les autres groupes de la société civile et les citoyens à télécharger les outils de contournement à l’avance. Le fait de disposer de plusieurs applications offre des options si certains outils ne fonctionnent pas.
- Faciliter la formation interne et communautaire à l’utilisation des réseaux privés virtuels (VPN), du réseau Tor et des réseaux maillés.
- Demandez l’aide de militants des droits numériques pour savoir comment utiliser les serveurs Proxy ou les Hypergiants (HG). Les premiers servent d’intermédiaires entre les utilisateurs et les sites web, masquant la localisation réelle de l’utilisateur et permettant l’accès à des contenus bloqués. Ce dernier installe des serveurs à l’intérieur d’autres réseaux pour servir les utilisateurs de ces réseaux ou leurs clients. Cette stratégie permet de localiser leur contenu au sein du réseau d’hébergement, réduisant ainsi le trafic qui traverse les frontières du réseau.
- Rechercher le soutien de partenaires financiers pour établir des réseaux communautaires dans les régions marginalisées du Zimbabwe. Pour en savoir plus sur les réseaux communautaires.
- Investir dans des plateformes de publication à faible connexion telles que les services de texte (Txti). Il s’agit d’un service web utilisé pour produire des pages web avec un Internet lent. Le service peut également rassembler les informations en un seul endroit pour en faciliter l’accès dans les zones où les connexions de données sont faibles.
Voir le rapport complet.
Bright Chimedza est un politologue passionné par les processus électoraux, l’engagement civique et la planification stratégique.
Les opinions exprimées par les auteurs de ce blog sont les leurs et ne reflètent pas nécessairement celles de l’Internet Society.
Photo par Chloe Evans sur Unsplash