- Les services DNS publics ont traditionnellement offert aux utilisateurs de l’internet dans certaines parties du monde de meilleures performances ainsi qu’une plus grande confidentialité et accessibilité.
- Depuis 2022, l’utilisation des services DNS publics a diminué de moitié dans de nombreuses régions.
- Étude visant à déterminer les raisons de cette baisse d’utilisation et suivi réglementaire mondial des demandes gouvernementales de blocage de la résolution des noms de domaine.
Le système de noms de domaine (DNS) et ses résolveurs sont des éléments essentiels de l’infrastructure de l’internet qui traduisent les noms de domaine en adresses IP. Malgré leur importance, ils sont souvent négligés dans les études sur les politiques et la gouvernance. Cet oubli peut conduire à des politiques qui, par inadvertance, nuisent à leurs performances, perturbent l’accès aux services en ligne et risquent d’aboutir à une centralisation extrême.
Digital Medusa étudie les tendances globales d’utilisation du DNS, y compris la centralisation des services de résolution DNS. Bien que la recherche soit en cours, nous avons publié un rapport préliminaire afin de recevoir des commentaires sur les raisons des tendances d’utilisation des résolveurs DNS, l’utilisation de logiciels libres pour les résolveurs DNS, et la création d’un outil de suivi des blocages DNS réglementaires à l’échelle mondiale.
L’utilisation des résolveurs DNS publics a diminué de moitié
L’une des questions centrales de cette recherche est de savoir pourquoi il y a si peu de résolveurs DNS publics de confiance.
Les résolveurs DNS étaient traditionnellement gérés par les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) locaux des internautes jusqu’à ce que plusieurs grands FAI, fournisseurs de services DNS et réseaux de diffusion de contenu mettent en place des résolveurs régionaux et mondiaux. Ces résolveurs offraient aux utilisateurs d’Internet de certaines régions du monde de meilleures performances, une plus grande confidentialité et une meilleure accessibilité.
Les fournisseurs de services Internet n’ont pas perdu de vue le premier de ces avantages, et nombre d’entre eux ont redirigé leurs clients vers ces résolveurs à grande échelle, réduisant ainsi la nécessité de maintenir leur propre résolveur. En 2022, environ 1 requête DNS sur 5 dans le monde était servie par plusieurs résolveurs DNS “publics” gérés par des fournisseurs de services de contenu, dont Google (8.8.8.8) et Cloudflare (1.1.1.1).
Toutefois, en 2024, ce chiffre est tombé à moins de 1 sur 10 au niveau mondial, toutes les régions sauf une (la Micronésie) enregistrant des baisses significatives de son utilisation.
Notre analyse préliminaire montre une forte baisse de l’utilisation des résolveurs DNS publics au niveau mondial. L’une des hypothèses pour expliquer cette baisse est l’augmentation des pressions réglementaires et des exigences de modération du contenu par les gouvernements. Même si ces demandes n’ordonnent pas directement le blocage d’un nom de domaine au niveau du résolveur DNS, les fournisseurs de services Internet peuvent estimer qu’il est plus facile et moins coûteux de suivre l’ordre de blocage par le biais du résolveur DNS.
Nous avons constaté qu’un pourcentage élevé d’utilisateurs d’Internet dans les régions où les libertés d’Internet et de la presse sont faibles, notamment en Asie centrale et en Afrique centrale et occidentale, utilisent encore des résolveurs DNS publics.
Compte tenu des cadres réglementaires de plus en plus complexes auxquels sont confrontés les fournisseurs de DNS, nous avons également commencé à mettre en place un système de suivi réglementaire mondial qui surveille les demandes des gouvernements visant à bloquer la résolution des noms de domaine par les résolveurs DNS publics.
Nous vous invitons à nous faire part de vos commentaires sur le rapport, sur le tableau de bord du blocage mondial et sur d’autres domaines d’intérêt importants.
Ce travail est financé par l’initiative Digital Infrastructure Insights Fund, avec l’aide technique et l’ingénierie des données de Sebastian Castro à .IE.
Collaborateurs : Sebastian Castro, .IE
Farzaneh Badiei est une universitaire en voie de guérison qui a fondé Digital Medusa pour pétrifier les ennemis d’un Internet mondial et interopérable.
Les opinions exprimées par les auteurs de ce blog sont les leurs et ne reflètent pas nécessairement celles de l’Internet Society.