- L’étude analyse l’impact des nouveaux opérateurs de réseaux mobiles dans 31 pays de l’OCDE entre 2008 et 2022.
- Dans la plupart des cas, les nouveaux opérateurs ont obligé les acteurs existants à baisser leurs prix, à améliorer leurs services et à repenser leurs stratégies.
- Encourager l’entrée sur le marché et réduire les obstacles peut conduire à des marchés des télécommunications plus compétitifs, plus équitables et plus accessibles.
Dans de nombreux pays, trois ou quatre opérateurs seulement dominent le marché des télécommunications mobiles. Comme le lancement d’un nouveau réseau mobile nécessite des licences coûteuses et des investissements massifs dans l’infrastructure, la concurrence tend à être limitée et les prix restent élevés.
Mais que se passe-t-il lorsqu’un nouvel acteur fait son entrée sur les marchés de la téléphonie mobile ? Cela bouleverse-t-il vraiment les choses ? La concurrence s’en trouve-t-elle vraiment renforcée ? Les prix baissent-ils ?
Pour répondre à ces questions, j’ai analysé les données de 31 pays de l’OCDE entre 2008 et 2022, en suivant l’impact des nouveaux opérateurs de réseaux mobiles (ORM) sur la concurrence et la tarification du marché. L’analyse porte sur neuf cas d’entrée sur le marché de nouveaux opérateurs observés dans les données d’Omdia (tableau 1).
La concurrence s’améliore avec l’arrivée d’un nouvel opérateur
Au cours de la dernière décennie, les nouveaux opérateurs de téléphonie mobile qui sont entrés sur le marché en France (Free Mobile, 2012), en Italie (Illiad Italy, 2018) et au Japon (Rakuten Mobile, 2020) ont tous eu un impact positif sur la concentration du marché.
Nous mesurons la concentration du marché à l’aide de l’indice Herfindahl-Hirschman (IHH). En moyenne, l’IHH dans ces pays a diminué d’environ 10-12% après l’entrée d’un nouvel opérateur sur le marché.
Lire : Mesurer la concurrence sur le marché de l’internet
Les prix baissent, souvent de manière significative
L’un des avantages les plus directs de la concurrence est la baisse des prix. Dans les télécommunications mobiles, le revenu moyen par utilisateur (ARPU) est souvent utilisé comme indicateur de ce que les clients paient.
Mon analyse a révélé que l’ARPU a chuté de 17 à 28 % après l’arrivée de nouveaux opérateurs sur le marché. Il est intéressant de noter que la majeure partie de cette baisse de prix n’est pas due aux nouveaux opérateurs, mais aux opérateurs en place qui ont baissé leurs prix en réaction.
Cela montre que même si les nouveaux arrivants ne s’emparent pas immédiatement d’une part de marché importante, leur présence oblige les autres à rivaliser.
Les données deviennent moins chères, la voix reste la même
En raison de la popularité croissante des smartphones et de la diffusion en continu, les données mobiles sont devenues beaucoup plus importantes que les services vocaux traditionnels. Mon étude montre que l’ARPU des données a chuté de manière significative – de plus de 35 % dans certains pays – tandis que l’ARPU de la voix est resté pratiquement inchangé.
Cela suggère que les fournisseurs nouveaux et établis concentrent leur concurrence sur les forfaits de données, et non sur les minutes de voix.
Les petits opérateurs sont soumis à une pression accrue
Tous les opérateurs historiques ne réagissent pas de la même manière. Les grands opérateurs, qui bénéficient souvent de la fidélité à la marque et de services groupés, ont tendance à conserver plus facilement leur clientèle. Toutefois, les opérateurs historiques plus petits, tels que le troisième fournisseur dans chaque pays, subissent les pressions les plus fortes pour réduire les prix.
En d’autres termes, l’arrivée d’un nouvel acteur bouleverse l’ensemble du paysage tarifaire, mais ce sont les petits opérateurs historiques qui en subissent le plus l’impact. Par exemple, en France, suite à l’arrivée d’un nouvel opérateur, l’opérateur principal Orange a vu son ARPU diminuer de 8 %, tandis que le troisième opérateur, Bouygues Telecom, a connu une baisse de 25 %.
Le concours fonctionne
Lorsqu’un nouvel opérateur de téléphonie mobile entre sur le marché, il oblige les acteurs existants à baisser leurs prix, à améliorer leurs services et à repenser leurs stratégies. Même s’ils ne gagnent pas de parts de marché significatives, les nouveaux arrivants créent une pression qui profite aux consommateurs.
Ces résultats soulignent également que les données mobiles – et non la voix – constituent désormais le principal domaine de concurrence.
Pour les décideurs politiques, le message est clair : encourager l’entrée sur le marché et réduire les barrières peut conduire à des marchés des télécommunications plus compétitifs, équitables et accessibles. À l’ère de la 5G et au-delà, il sera essentiel de garantir une concurrence saine pour construire des économies numériques inclusives.
Minhee Kim est chercheur à l’Institut coréen de développement de la société de l’information (KISDI).
Les opinions exprimées par les auteurs de ce blog sont les leurs et ne reflètent pas nécessairement celles de l’Internet Society.


